A Cambaie, Mont-Vert, Cilaos… On a tous déjà vu son nom. Mais qui le connaît vraiment ? Voici l’incroyable histoire de Furcy Madeleine.
Né d’une mère indienne en 1786, sur l’île Bourbon, Furcy grandit en tant qu’esclave pour la famille Routier. Alors que Madame Routier affranchit sa mère, Madeleine, celle-ci demande en échange de 20 ans de salaire, l’affranchissement de son fils : Furcy. Mais la famille Routier ne tiendra pas cette promesse. A 31 ans, lorsqu’il apprend la vérité, sa sœur Constance et lui, décident de poursuivre en justice Joseph Lory.
"Il ne s’enfuit pas. Il a dit où il allait, donc il n’est pas un marron"
“Quand il va faire sa rébellion, c’est-à-dire quand il va sortir de la maison de son maître, à Saint-Denis, pour aller dans la maison de sa concubine, il sort avec son chapeau sur la tête, raconte Gilles Gerard, anthropologue et historien. Et puis, c’est tout. Il ne s’enfuit pas. Il a dit où il allait, donc il n’est pas un marron. Un marron, il s’enfuit, il se cache, il ne fait pas de bruit. Furcy lui, il fait du bruit. Il se comporte comme s’il était libre, mais au vu et au su de tout le monde. Donc ça, c’est assez remarquable”.
Pour étouffer l’affaire, Furcy est envoyé en prison. Plus tard, il trouve du soutien auprès de Louis Gilbert Boucher. Mais ce procureur partira aussitôt en Corse. Tandis que Furcy sera exilé à Maurice. Pendant 20 ans, ils entretiendront une correspondance. A 49 ans, Furcy se rend à Paris et poursuit sa procédure judiciaire jusqu’en cassation.
“C’est le combat d’un esclave, mais pas contre l’esclavage, poursuit Gilles Gerard. Ce n’est pas un héros. Il ne se bat pas pour les autres. Il ne se bat que pour lui et considère qu’il y a une anomalie, que c’est illégal, c’est ça, son combat. C’est illégal, c’est contraire à la loi, qu’il ait été esclave. Donc ce n’est que pour sa liberté qu’il va se battre pendant très longtemps. Mais cette forme de combat est exceptionnelle”.
Furcy garde encore aujourd’hui une part de mystère
C’est à l’âge de 56 ans, 5 ans avant l’abolition de l’esclavage, que la cour royale de Paris déclare Furcy Homme libre. Après 7 ans de procès et 27 ans de procédure… Il obtient 10 000 francs d'indemnité. A 69 ans, Furcy meurt à Maurice, auprès de sa femme. Symbole de liberté, Furcy garde encore aujourd’hui une part de mystère.
“Et quand on voit ce qu’il a vécu réellement, on se rend compte qu’il a été très peu maltraité. Donc il a très rarement été fouetté. Il a travaillé comme un esclave, ça c’est certain, au niveau de la dureté du travail, mais il n’a pas été puni par le fouet. Un esclave qui part marron, il est fouetté. Systématiquement. Lui, non. Donc il va être protégé. La grande question qui se pose et pour l'instant et pour l’instant nous n’avons pas la réponse, c’est… Par qui a-t-il été protégé ?”