Arrivés sur l'île en 1848, les engagés indiens ont permis aux bourgeois propriétaires de champs de canne de faire fructifier les exploitations de canne à sucre. L'Histoire les qualifie comme des travailleurs exploités. Leurs descendants ont sauvegardé leur patrimoine culturel, qui fait aujourd'hui partie intégrante de la culture réunionnaise.
La communauté des Malbars (ou Malabars) est arrivée par bateau en avril 1828 pour travailler dans les champs de canne à sucre. Ceux que l'on appelle les engagés, travailleurs "libres" mais dont les conditions de travail restaient identiques à celles des esclaves, ont emmené avec eux leur religion, leur façon de cuisiner, de s'habiller, de parler, mais aussi des épices ou encore des fleurs... Finalement, tout un patrimoine.
Jean-Régis Ramsamy, historien et journaliste, s'est penché sur la question de l'engagisme de ces travailleurs indiens à La Réunion. "Que deviennent ces travailleurs contractuels après leurs 'missions' ? Rentrent-ils au pays ? Comment se passe l'intégration ?" écrit-il sur la 4e de couverture de son ouvrage La Turquoise, qui conte l'histoire des Réunionnais d'origine indienne.
100 000 à 120 000 Indiens seraient arrivés à la fin du 19e siècle afin de travailler dans les champs de canne et sur les propriétés des bourgeois de l'île.
"À l'échéance de leurs contrats, les engagés avaient tendance à rentrer chez eux dès la première proposition de retour qui leur était faite. Ils restaient tributaires du bon vouloir des autorités pour le rapatriement gratuit. Mais pour des raisons diverses, dont l'essentiel tient au fait qu'ils s'étaient familiarisés à la colonie, un certain nombre d'engagés revenaient pour effectuer de nouveaux contrats", narre l'historien. Pour des raisons économiques, cette ancienne diaspora indienne s'est installée pour devenir une grande communauté qui fait partie dorénavant du métissage réunionnais.
Aujourd'hui, ses descendants ont bâti des temples qui suscitent l'intérêt des locaux comme des touristes. Les descendants d'engagés continuent de pratiquer leur religion mais aussi toute leur culture, tout en invitant les autres communautés à se joindre à leurs rituels.