L’Histoire de La Réunion doit-elle se réécrire ?

Postée le 06/06/2023

Déboulonner des statues, rebaptiser des noms de rues… ça efface l’Histoire, ça répare ? Avec le déplacement de la statue de Mahé de Labourdonnais, on revient sur un débat épineux : L’Histoire de La Réunion doit-elle, mais surtout peut-elle se réécrire ?

La statue de Mahé de Labourdonnais quitte la Place du Gouvernement, créée dans les années 1800. En place depuis 1856, cette statue à l'effigie du Gouverneur des îles Mascareignes sera restaurée et déplacée à la caserne Lambert. Si l'on ne peut pas parler au sens strict du terme d'un déboulonnage, le déplacement de cette statue ravive un débat qui revient souvent sur le devant de la scène. Peut-on effacer l'histoire honteuse ? Retirer une trace, est-ce occulter l'Histoire ou se la réapproprier ?

On entend souvent parler de justice mémorielle à  travers ces actes symboliques, mais quand commence et où s'arrête le devoir de mémoire ? Cela ressemble beaucoup à un sujet de philo, mais c'est un véritable sujet de société où l'on s'attache à réhabiliter ceux qui ont subi le passé colonial et esclavagiste de La Réunion. 

Pour essayer d'apporter un éclairage, nous avons demandé à l'historien Prosper Eve et à Ghislaine Mithra Bessière, présidente de l'association Rasine Kaf et membre du collectif Laproptaz de nous exposer leurs arguments et points de vue respectifs. Si pour Prosper Eve, déplacer une statue n'efface pas l'Histoire en elle-même,  ni les actions des différentes figures politiques et militaires qui ont dirigé La Réunion, pour Ghislaine Mithra Bessière il s'agit avant tout de réhabiliter les figures esclavisées, les marrons, les engagés, les résistants, qui ont fait de La Réunion, l'île qu'elle est aujourd'hui.