Ce drôle de petit oiseau se fait remarquer durant l’été Austral à La Réunion. Sa longue queue noire et son bec rouge ne passent pas inaperçus, et de nombreux internautes se sont étonné d’observer cette espèce qu’ils ne connaissaient pas.
Il s’agit de la Veuve Dominicaine, plus précisément du mâle. Car c’est à la saison, des amours, qui s’étend de décembre à février, qu’il se métamorphose pour mieux séduire les femelles. Son plumage habituellement brun-gris, se pare de noir et de blanc, son bec devient rose-rouge, et de longues plumes noires, pouvant atteindre 20 centimètres apparaissent sur sa queue. La femelle elle, ne change presque pas, elle garde sa couleur brune, mais perd son bec rouge qui devient gris pour quelques mois.
« Ce n’est pas une espèce endémique, c’est une espèce exotique qui a probablement été importée comme oiseau de cage dans les années 90, avant de s’échapper et de s’installer sur l’île », précise Christian Léger, président de la Société d’études ornithologiques de La Réunion (SEOR).
Les Veuves Dominicaines sont une espèce polygame. Un mâle peut séduire jusqu’à une cinquantaine de femelles. Ces dernières ne construisent pas de nid, et ne couvent pas leurs oeufs. À la place, elles les pondent dans le nid d’un autre oiseau: le « Bec Rose », ou Astrild Ondulé.
« Les femelles Veuves Dominicaines laissent les femelles Becs Roses couver, nourrir puis mener à l’envol leurs petits. Les Becs Roses sont eux aussi une espèce exotique, qui a été importée bien avant les Veuves Dominicaines et qui se nourrit de graminées dans les zones herbeuses des bas de l’île. »
Si l’arrivée de la Veuve Dominicaine semble ne pas avoir d’impact sur l’écosystème fragile de notre île, il n’en reste qu’importer des espèces exotiques présente toujours un risque pour la faune et la flore locale. D’autres oiseaux ont par exemple contribué à la disparition d’espèces endémiques à La Réunion:
«Un oiseau introduit peut emmener avec lui des maladies pour lesquelles il est immunisé, mais il peut les transmettre à nos oiseaux endémiques, qui eux risqueraient d’en mourir. C’était le cas il y a 150 ans avec le Martin, introduit sur l’île pour chasser les crickets, et qui a emmené avec lui une bactérie qui a décimé la Huppe de Bourbon, une espèce endémique disparue à tout jamais», explique Christian Léger.
Même chose avec le Merle de Maurice, qui lui n’a pas emmené de maladie mais qui vient concurrencer le Merle Pays, le Tuit-tuit, et tous les autres petits oiseaux forestiers endémiques de l’île.