Le mystère du Pétrel noir de Bourbon

Postée le 14/09/2021

Après 15 ans de recherches scientifiques, le 15 novembre 2016, le premier nid de Pétrel noir de Bourbon est découvert sur les parois de la rivière des Remparts à Saint-Joseph. Christophe Caumes revient sur cette date historique. 

C’est l’un des oiseaux marins les plus rares au monde et le plus énigmatique de la Réunion. Baptisé Timize en créole, le pétrel noir de Bourbon fait partie des contes et légendes de l’île.

Une espèce mystérieuse

Longtemps terrorisés par son cri perçant résonnant dans les falaises, les habitants du village de Grand-Bassin ont dû composer avec sa présence. Luc, habitant de Grand-Bassin, se souvient : “A l'époque, on avait une peur incroyable. Pourtant, ce n’est qu’un oiseau mais on ne savait pas. On avait tellement peur. On montait au catéchisme,on entendait crier la Timize. Les anciens ne savaient pas trop ce que c’était. Ils se regroupaient ensemble et ils priaient.” Cet être mystérieux a longtemps été considéré comme de mauvais augure et pouvant être lié au personnage inquiétant de Gran mèr Kal.

Une traque scientifique 

Le Pétrel noir de Bourbon a également été un grand mystère pour les scientifiques. Longtemps tenu pour disparu, le mystère du Pétrel noir de Bourbon ou Timize commence il y a plus de deux siècles.. En 1771, le célèbre dessinateur Paul Jossigny réalise le portrait d’un étrange oiseau noir. Quelques individus sont répertoriés à la fin du 19e siècle. Puis plus rien. Le prétrel noir de Bourbon est considéré comme une espèce disparue. Pourtant dans les années 70, deux spécimens sont aperçus. Puis de nouveau, plus rien. 20 ans passent jusqu’à l’observation inattendue d’un individu en 1995. A partir de ce moment-là, “va commencer, entre guillemets, une enquête, raconte Christophe Caumes, on va aller dans ces remparts qui sont autour de nous en utilisant des cordes. Quelques fois en se faisant hélitreuiller dans des endroits très difficiles d’accès, pour espérer entendre ou voir la Timize.”

Après 15 ans de recherches, Christophe Caumes, à ce moment-là inspecteur de l’environnement au parc national de La Réunion, a eu la chance d’apercevoir deux survivants de cette espèce le 15 novembre 2016 au terme d’une épopée digne d’un film d’action. “Au moment où on a l’individu en main Patchi et moi,  c’est un moment qui est absolument intense. Professionnellement, c’est quelque chose… C’est le plus beau moment que j’ai pu vivre de ma vie. Ce n’est pas donné à tout le monde de retrouver une espèce 130 ans plus tard en pensant qu’elle était potentiellement disparue.”, confie le scientifique ému. 

La découverte de ces terriers donne à l’île de La Réunion, un réel espoir de pouvoir enfin sauver cet oiseau marin. Depuis 1994, il figure sur la liste rouge des espèces en “danger critique d'extinction” au niveau mondial. “On estime sa population à environ une cinquantaine de couples, souligne Christophe, on est là face à un vrai enjeu de conservation.”