Après la houle, Abyss surveille les déchets au large

Postée le 11/07/2022

Suite à la forte houle du mois de juin, l'association Abyss s'est rendue en mer pour évaluer les dégâts. Gros et petits plastiques, morceaux de bois à la dérive, sargasses, Jean Pascal Quod, le docteur en biologie marine en charge de cette mission, va tout récupérer et analyser dans son laboratoire, pour vérifier la potentielle toxicité de ces trouvailles.

 

"Des sargasses à bâbord !"

Il est 7 heures du matin quand l'équipe de l'association Abyss embarque sur son bateau encore à quai, au Port. Pas de vent de prévu, le soleil se fait timide, la houle est déjà passée. Le signe d'une bonne journée en mer. Aux commandes du bateau, Beverley Ecalle, éthologue de profession et chargée de mission pour l'association. D'un regard confiant, elle démarre et prend le large, accompagnée de Jean Pascal Quod, le docteur en biologie marine. C'est dans le cadre de la mission BioEparDev, mise en place début 2021, que l'association fait ses sorties en mer.

Cette mission s'inscrit dans le projet Cet'Océan qui regroupe quatre actions. Au large de Saint Paul, le bateau s'arrête une première fois. L'idée est de suivre les "traces", une partie de l'océan où la mer est plate, où il n'y a pas de remous. Les premières taches marrons apparaissent.

"Des sargasses à bâbord", dit Jean Pascal. "Beverley, prends la grosse épuisette et essaie d'en attraper une ou deux. Je m'approche doucement. Oui voilà, comme ça c'est bien." Beverley remonte dans la cale un gros pied de sargasse. Jean Pascal, avec un sourire en coin, commence à analyser.

Il trouve quelques crabes, des poissons, des pontes, et même un poisson coffre. Ce pied de sargasse d'environ 60 centimètres de long et enroulé dans un fil, probablement de pêche. Pourtant, il n'est pas très ancien. Selon Jean Pascal, il aurait dérivé avec les courants pour arriver près de notre île. Il se serait détaché de son endroit. La question qui reste en suspens est : mais d'où vient-il ? Cette réponse, malheureusement, il ne l'a pas.

Les deux scientifiques continuent leur périple en mer jusqu'au large de Saint Gilles, quand tout d'un coup, la radio s'emballe. Des dauphins auraient été aperçus près du cap  la Houssaye. Un moment à ne pas manquer, surtout pour Beverley qui, de profession, étudie le comportement des cétacés. Le soleil commence à taper et le vent à se lever.

Jean Pascal souhaite tout de même avant de rentrer, de pêcher encore quelques OFNIS (objets flottants non identifiés, comme il aime les appeler), avant de rentrer au port. Des bouteilles en plastique, même un morceau de tong, ont été retrouvés. Il explique qu'il arrive à dater les OFNIS en regardant s'ils ont été colonisés.

Pour la savate, pas de colonisation apparente. Elle aurait été emportée par la houle du mois de juin, probablement qu'elle était enfouie sous du sable. Pour ce qui est de l'une des bouteilles en plastique, l'écriture montre qu'elle vient d'une usine  japonaise, elle viendrait donc soit de l'est de l'Asie, soit d'un magasin grossiste spécialisé. Un gros morceau de plastique blanc est repêché. Sur celui-ci, des traces marron se dessinent. Ce morceau de plastique là a été colonisé. L'heure est venue de rentrer au port. Les deux scientifiques n'auront pas vu de baleines, mais auront de quoi s'occuper pendant quelques jours. 

Une fois à quai, Jean-Pascal récupère toutes ses trouvailles et les place dans sa voiture. Il les analysera dans l'après-midi pour vérifier leur toxicité. Les deux partenaires se quittent et se disent à la prochaine fois, pour une nouvelle sortie en mer.