Yann est apiculteur. Passionné d’abeilles depuis l’enfance, il en a fait son métier. Son rucher compte une centaine de ruches, éparpillées aux quatre coins de l’île. Bienvenue dans l’univers des abeilles, bénéfiques et nécessaires au bon fonctionnement de la biodiversité.
C’est en plein milieu d’un champ de letchi à Saint-Benoît que Yann a décidé de poser sa quinzaine de ruches cet hiver.
“Tu peux voir autour de toi, tous les arbres de letchi qui sont actuellement en fleur. C’est pour ça que je mets mes ruches au pied de ces arbres de façon à ce que les abeilles puissent récolter le nectar des letchis pour faire du miel de letchi.”
Yann et les abeilles, c’est une histoire d’amour, une passion en constante évolution depuis une vingtaine d'années.
Petit, son tout premier souvenir de miel, c’était dans une miellerie, avec un apiculteur. Ce dernier lui fait goûter tout simplement du miel sur une biscotte. Une révélation pour Yann.
“J’ai commencé à m'intéresser à comment on obtient ce produit, puis à m'intéresser aux ruches et en parlant autour de moi, j’ai eu différents amis qui m’ont initié un petit peu, qui m’ont montré, qui m'ont soutenu.. Et petit à petit, j’ai commencé à avoir quelques ruches. Aujourd’hui j’en ai une centaine. La passion est devenue un métier à part entière. Le miel, c’est ma Madeleine de Proust à moi.”
Un système bien organisé
Dans une ruche, on peut compter jusqu’à 50 000 abeilles. Chaque abeille a un rôle bien défini. On peut y retrouver des nourrices, des butineuses, des gardiennes, des magasinières, des ventileuses, des ouvrières, et bien évidemment, la reine, qui peut pondre jusqu’à 2000 œufs par jour. Elles vivent entre 30 et 60 jours.
Une ruche se remplit très rapidement. Et quand il n’y a plus de place, les abeilles doivent trouver un moyen pour en faire facilement. C’est à ce moment que les cellules royales entrent en jeu. Ce sont des alvéoles très spécifiques ressemblant à des coquilles de cacahuètes. Et ce sont aussi les berceaux des futures reines dont les larves sont nourries exclusivement à la gelée royale. Sauf qu’il ne peut y avoir qu’une seule reine dans une ruche. La “vieille reine” est poussée par ses semblables en dehors de la ruche actuelle, et emporte avec elle, à l’extérieur, une grande partie de la colonie. Pendant ce temps, à l’intérieur de la ruche, les abeilles dans les cellules royales sont prêtes à naître. La première d’entre-elles qui naît, poussée par un instinct meurtrier, tue ses sœurs pour ne devenir que la seule reine possible au sein de l’essaim. Cette dernière doit ensuite effectuer son “vol de fécondation” dans des endroits que l’on appelle des “congrégations de mâles”. Une fois que la nouvelle reine est fécondée, elle rentre à la ruche et c’est terminé pour elle. Elle ne remettra les ailes dehors que lorsqu'elle sera vieille et sera poussée par sa communauté.
Une large variété de miels produits par Yann
Avec une ruche, on peut faire différents produits, comme de la gelée royale, du pollen, de la cire d’abeilles, du nectar, ou encore du miel. Yann, lui, s’est tourné vers la production de miel. Grâce à ses ruchers implantés un peu partout sur l’île, il a bien diversifié sa production. Dans ses différentes gammes, on peut retrouver bien évidemment, du miel de letchi, mais aussi du miel toutes fleurs (à base de grevillea), du miel de baies-roses. Il produit aussi du miel de forêt (du Maïdo et de Salazie). En 2022, il a produit un miel essentiellement à base de jamrosat qui lui a valu une médaille d’or au concours des miels de France.
Les abeilles, un symbole de la nature
Les abeilles sont le symbole de l’ensemble des pollinisateurs, des insectes. Le monde vit actuellement une extinction de masse au niveau des insectes, ce qui correspond à 80% de la biomasse des insectes. Si les abeilles ne sont plus là pour ramener le pollen de fleurs en fleurs, pour les polliniser, la reproduction n’existera plus. Plus de reproduction équivaut à la perte totale des plantes, des arbres, de la biodiversité en elle-même.
“Pour moi, le miel, c’est une chance parce que c’est un concentré de nature. On retrouve à travers ce produit une partie de la nature qui nous entoure. C’est du goût, c’est du plaisir.”