Au Centre d'Études et de Découverte des Tortues Marines (CEDTM), on se retrousse les manches pour sauver nos amies les tortues ! La mission ? Transformer les plages en véritables hôtels 5 étoiles, afin qu'elles puissent revenir pondre en toute tranquillité. Entre réhabilitation des plages et protection des habitats, le CEDTM est l'endroit idéal pour découvrir et protéger ces fascinantes créatures marines.
Plage de Boucan-Canot, 8h du matin. Le soleil réchauffe déjà le sable. Une camionnette blanche se gare. Marie, Quentin et Marine, membres de l’association CEDTM (Centre d’études et de découverte des tortues marines) sortent du véhicule sourire aux lèvres. Armés de leurs chapeaux et crème solaire, ils commencent l'installation de leur atelier. Ils attendent une trentaine de bénévoles dont une quinzaine d’enfants.
L’objectif de cette journée est de réhabiliter la plage avec des plantes endémiques pour permettre aux tortues de revenir pondre.
Pourquoi la réhabilitation est-elle nécessaire ?
“La problématique des plages de l’ouest de l’île de La Réunion est l'anthropisation, le développement des infrastructures et des activités sur les côtes qui font que toutes les plages de sable peuvent accueillir des pontes, sont aujourd’hui des endroits très fréquentés et donc la cohabitation est nécessaire entre la nature et l’homme”, explique Marie Gilbert, chargée de mission réhabilitation des plages de ponte des tortues marines.
L’importance de la réhabilitation est autant essentielle pour les tortues que pour les humains. Les plantes apportent des bénéfices aux plages comme limiter l'érosion et protéger les infrastructures. “Recréer des sites de ponte pour les tortues, c’est aussi conserver notre patrimoine réunionnais naturel et redonner un paysage comme on pouvait avoir à l’origine avec les bonnes plantes indigènes et endémiques qui ont chacune des rôles bien précis sur les plages”, rapporte Marie.
C’est quoi un atelier grand public ?
Le CEDTM accueille le grand public sur des plages préalablement sélectionnées. Le premier temps pour ce rendez-vous est le temps de sensibilisation. Les équipes du CEDTM expliquent le cycle de vie de la tortue, les différentes menaces auxquelles elles sont confrontées, puis expliquent ce qu’est la revégétalisation des plages et en quoi c’est très important. Le deuxième temps de la matinée est consacré à l’action. Les bénévoles vont devoir planter en respectant les strates de végétation. L’association propose 3 strates de végétation bien disctinctes : les lianes (patates à durand et patates cochon) qui permettent de maintenir le sable et prévenir l’érosion, les arbustes (veloutier et le manioc bord de mer) qui permettent de créer de l’ombre qui est très important pour le nid des tortues et le sexe des bébés puis les arbres qui vont permettre de créer un écran naturel contre la pollution lumineuse et sonore.
À leur disposition, les bénévoles ont des pelles, des râteaux, des arrosoirs, du paillage pour garder l’humidité du sable. C’est sous un soleil de plomb qu’enfants et adultes travaillent main dans la main et sourire jusqu’aux oreilles.
Circuit-court : mot d’ordre pour l’association
Le CEDTM travaille avec des pépiniéristes. Lors d’ateliers grand public, l’association récupère des graines sur des plants déjà existants. “On va fournir des pots et des graines aux pépiniéristes, eux vont produire les plants pour ensuite nous les donner pour pouvoir les replanter sur les plages. On essaye d’avoir une continuité, de réutiliser les pots que l’on dépote. On essaye de faire tourner et on travaille avec beaucoup de partenaires. C’est un circuit que l’on essaye de garder fermé”, indique Marie.
La saison de plantation commence en décembre et se termine généralement au mois de mai pendant la saison des pluies.
Sur la saison Décembre/Mai 2024, le CEDTM a planté un peu plus de 5000 plants pour 2 à 3 ateliers par semaine. Et sur le programme de réhabilitation, près de 20 000 plants ont été plantés.
Un travail de longue haleine pour nos amies les tortues imbriquées et vertes en danger de disparition aux abords de notre belle île.