Ripeur, les travailleurs de l’ombre

Postée le 15/12/2021

C’est un métier souvent mal connu et méprisé. Pourtant, il est essentiel. Rencontre avec Wilson et Stéphane, tous deux ripeurs. Ils nous racontent leur quotidien. 

Il est 4h, il fait encore nuit noir, la journée de travail commence. Wilson, chauffeur depuis 25 ans, monte à l’avant du camion poubelle. Stéphane, 36 ans ripeur depuis 2004, s’accroche sur la plateforme à l’arrière. Jusqu’à 11h, ils vont sillonner les rues et ramasser des tonnes de déchets. Tous deux ne rechignent pas à la tâche.  “J’ai postulé, c’était juste pour essayer et l’essayer, c’est l’adopter”, plaisante Wilson. Pour Stéphane, le métier d’éboueur est une vocation : “Depuis que je suis petit, je vois le camion poubelle, je me suis dit qu’un jour je travaillerais peut-être dessus.” 

On côtoie régulièrement les ripeurs sans réellement mesurer l’importance de leur action. “Ben oui ! S’il n’y a pas les éboueurs, c’est sale. Si on fait grève pendant des jours, on va voir le résultat. Comme dans les pays où il y a eu une grève, il y avait des tonnes et des tonnes de saletés”, souligne le jeune homme de 36 ans. 

“Il y a un mois de cela, un collègue a été blessé”

L'espérance de vie des éboueurs est l’une des plus courtes parmi les ouvriers non-qualifiés.  Entre les objets tranchants, les produits toxiques et la circulation dans les rues, les risques sont nombreux. “Il y a un mois de cela, un collègue a été blessé. Des gens ont mis un extincteur dans la poubelle. L’extincteur a explosé, ça lui a bousillé les oreilles”, s’indigne Stéphane.

Si le métier d’éboueur fascine les enfants, il reste un métier qui n’est pas valorisé et qui souffre d’une mauvaise image. “On dit toujours qu’il n’y a pas de sous-métier, mais pour les autres je pense que c’est un sous-métier, déplore Wilson. Pour nous, non, mais pour les autres…"