Chaque année, de décembre à janvier, la communauté tamoule de l’Eperon honore la déesse Pandialé avec la traditionnelle marche sur le feu. Une dizaine d’hommes n’ont pas hésité à braver les flammes pour prouver leur foi.
“Le but de la marche sur le feu, c’est d’arriver à maîtriser tous les caractères du corps.” Synonyme de purification du corps et de l’esprit, le rituel de la marche sur le feu est l’aboutissement d’une préparation physique et mentale. Moment de partage et de communion entre les fidèles, cette pratique illustre la suprématie de l’esprit sur le corps.
Il est 18h, la procession commence. Au rythme du son des tambours, les fidèles, pieds nus, traversent chacun leur tour le brasier. Les mains au ciel ou jointes, les participants s’élancent tous lentement sans montrer ni crainte, ni douleur. Il paraît que celui qui se brûle n’aurait pas bien respecté son carême.
Cette cérémonie très particulière est précédée par de nombreux rituels. Jeune végétarien, abstinence sexuelle, prières : Pendant le carême de 18 jours, les pénitents suivent un régime très strict. “Pourquoi le carême ?, explique Christophe, président du temple de l’Eperon. Quand on est dans notre vie quotidienne, on mange de la viande, on boit de l’alcool… Tout ça, ça excite l’esprit, on n’arrive pas à se concentrer. Le carême, c’est fait pour ça. On limite le repas au végétarien. On se couche au sol pour avoir une hygiène stricte. De cette façon, on arrive à maîtriser son esprit. Voilà le but du carême, c’est arriver à maîtriser l’esprit.”
Tirée du Mahabharata, le plus grand poème épique de la mythologie hindou, la marche sur le feu est symboliquement dédiée à la déesse Pandialé. “Dans l’histoire de la marche sur le feu, nous avons cinq divinités. Il y a les cinq frères Pandava, plus Pandialé qui représente les cinq éléments du corps. À savoir : l’air, la terre, le feu, l'eau et l’espace. Ces cinq éléments combinés, pour nous, ça donne la constitution du corps. Mais ce que l’hindouisme à mis en avant c’est la déesse Pandialé, parce que c’est le feu qui maintient l’équilibre dans le corps”, raconte Christophe.