Le syndrome d'alcoolisation fœtale

Postée le 16/05/2022

Sa mère a continué de boire de l’alcool pendant sa grossesse. Aujourd’hui atteinte du syndrome d’alcoolisation foetale, Sabrina témoigne.

En France, entre 10 et 30% des femmes continuent de consommer au moins occasionnellement de l’alcool pendant leur grossesse et 1 enfant sur 10 serait atteint du SAF, le syndrome d’alcoolisation fœtal. 1ère cause de handicap mental non génétique, cette maladie peut aussi provoquer des troubles psychiques et physiques. Peu connue, cette maladie est incurable, “on apprend juste à vivre avec” témoigne Sabrina, atteinte du SAF et obligée d’être en fauteuil roulant. “Le SAF a provoqué chez moi une IMC, une infirmité motrice cérébrale. Je ne peux pas marcher très longtemps, j’ai une scoliose, j’ai un bassin qui est déformé, des contractures musculaires involontaires…”

Sabrina a écrit un livre pour sensibiliser sur cette maladie, peu connue : “Le SAF est quelque chose de très grave, très douloureux.” Ce livre est aussi un exutoire et un outil de pardon. “J’avais des choses à dire, j’ai besoin de pardonner à mes parents.” Enfant, elle explique avoir grandi “avec de la colère. La relation avec ma mère était très compliquée. Elle était insensible face à ma douleur. Je lui disais : ‘je suis en fauteuil, aide-moi, donne-moi plus d’amour. Mais elle n’entendait pas.”

Sabrina estime que sa mère était dans le déni de sa maladie. “Elle disait qu’on n'était pas sûr que ce soit à cause de l’alcool.” Aujourd’hui, elle comprend le comportement de sa mère pendant la grossesse, mais elle a du mal à l'accepter. “Maman a eu une vie très difficile, je comprends, c’est ce qui l’a fait sombrer dans l’alcool. Mais aujourd’hui, c’est moi qui porte sa souffrance. C’est moi qui ai les stigmates.”

Son combat aujourd’hui se tourne vers les enfants. “J’aimerais qu’on entende plus les enfants. Quand j’étais petite, on me disait tout le temps que ma mère était malade. On ne cherchait pas à savoir comment j’allais, ce que je ressentais. Je ne dis pas que la mère ne souffre pas, si, elle souffre, mais l’enfant va souffrir toute sa vie, sans répit. Les parents, c’est différent. S’ils décident d’arrêter l’alcool, ils arrêtent."

Elle souhaite aujourd’hui faire passer un message aux autres personnes atteintes du SAF. “Peut-être que ça aidera les personnes qui voudraient passer le cap de l’autonomie mais qui n’osent pas.” A 35 ans, Sabrina vit aujourd’hui seule à Saint-Pierre, dans un appartement au rez-de-chaussée. "Ça fait 15 ans que je vis seule. Je suis amoureuse de ma vie, je suis amoureuse de mon autonomie."