450 kg de cannes à sucre coupés en 10 minutes, c’est l’exploit de Jean-Luc Naguin, agriculteur de Saint-André. Il est sacré coupeur de canne de l’année pour ce score. Rencontre dans son carreau de canne.
A l’origine, Jean-Luc voulait suivre un CAP pâtisserie. Très vite, il doit reprendre l’exploitation agricole. La canne, c’est, certes, un pan du patrimoine réunionnais, mais avant tout une histoire familiale pour le trentenaire. Sur son champ, 20% de la coupe se fait encore à la main.
Chaque année, l’agriculteur qui réside à Bras des Chevrettes se rend à la foire agricole de Bras-Panon, au concours annuel de la coupe de canne. Il remporte cette année le prix de meilleur coupeur.
“Pour un concours, c’est différent. On se donne à fond, quand c’est la campagne, je coupe moins vite", dit-il avec un sourire timide et humble.
Sur son exploitation, Jean-Luc Naguin rappelle aux jeunes l’importance de couper la canne. L’importance de cette tâche qui est un trésor, un honneur, selon lui.
Si certains ont voulu se prêter au jeu pour gagner "une petite monnaie”, précise-t-il. Ils sont nombreux à rapidement baisser les bras. “Ils viennent une demi journée et après, ils ne viennent plus et me disent “non mais laisse tomber, c’est trop difficile.” Les gars préfèrent rester assis sous l’arbre à rien faire.” Manque de motivation, nouvelle génération sans ambition ? L’agriculteur rappelle l’importance de faire vivre ce métier. Il est possible de cumuler le job de coupeur de cannes saisonnier et un RSA, souligne le jeune exploitant.
Si la canne c’est important, la diversification est nécessaire
Le cannier le dit sans trouble : sans les aides financières de l’Etat, vivre de la canne en 2022 est impossible. Il faut savoir que les normes pour faire pousser la canne aujourd’hui empêchent les canniers de traiter la canne ainsi que les mauvaises herbes qui poussent près des tiges.
La canne rapporte de moins en moins. Si l’île de La Réunion était autrefois le grenier de l’océan Indien en sucre et épices, nous sommes bien loin de cette époque. Ces dernières années, les campagnes sucrières ont pris beaucoup de retard. La France importe plus de sucre qu’elle n’en produit ou n’en exporte. Un coup dur pour les canniers qui sont subventionnés et à la fois bridés pour la plantation.