Briser le tabou autour de l’IVG

Postée le 05/08/2022

Le 24 juin dernier, la Cour suprême des Etats-Unis a révoqué l'arrêt historique Roe V Wade qui reconnaissait depuis près de 50 ans le droit à l’avortement. Aujourd’hui, les 50 États sont libres d’interdire ou non l’IVG. Un peu plus d’une douzaine d’Etats sont revenus sur le droit constitutionel post 1973, interdisant ou réduisant (à l’inceste et le viol) l’avortement.

Pour rappel, l’avortement est interdit dans près d’une vingtaine de pays dans le monde, dont en Pologne (2020), au Sénégal, ou encore à Malte.

 

À 28 ans, Laury, infirmière, a fait le choix de recourir à l'IVG 3 fois. Sous contraception pendant ses trois grossesses, elle témoigne.

Un parcours du combattant pour la contraception

La première grossesse de Laury est arrivée pendant la période du covid, sous pilule. Confinée avec son compagnon, les rendez-vous médicaux étaient assez difficiles d’accès. Elle a avorté de façon médicamenteuse à la maison. “C’était long, c’était très dur. J’étais à la maison, j’ai eu pas mal d’effets secondaires, des hémorragies qui ont duré 3 mois, des douleurs très difficiles sur le moment.” Cette décision, elle l’a prise avec son conjoint, sans une seule hésitation. C’est surtout la pression sociale qui les faisait se questionner. “J’ai 25 ans, j’ai un travail en CDI, j’ai un appartement, je vis avec mon conjoint, on s’aime, pourquoi pas le garder finalement. Mais on avait des projets en tête, on avait encore plein de choses à faire, et on n'était pas du tout prêts à accueillir un enfant, donc c’était clair.

Voyant que la pilule n’a pas fonctionné, Laury se fait poser un implant. Quelques semaines plus tard, son corps rejette l’implant.

Un an après le premier, j’ai subi une deuxième IVG. J’ai eu beaucoup de culpabilité, de honte. Ça m'arrive deux fois. Beaucoup de questionnements, est-ce que j’ai pas manqué d’attention?...” Tous les médecins que Laury a rencontrés ont été bienveillants “à leur manière”. 

Suite à cette nouvelle grossesse, elle décide de se faire poser un stérilet hormonal. Avec des règles très douloureuses, la jeune femme ne souhaitait pas avoir recours au stérilet en cuivre. Des étapes très longues dans le choix de la contraception. Elle tombe une troisième fois enceinte avec le stérilet hormonal. Les médecins lui disent qu’il a dû être mal placé, ou qu’il est tombé. “Cela peut souvent arriver avec des cups par exemple. J’ai fait une échographie et le stérilet n’a pas bougé de son emplacement. Je suis bel et bien tombée enceinte sous stérilet hormonal.” Démunie par cette annonce, loin de sa famille, nouvelle dans un département qu’elle ne connaissait pas, la jeune femme fait une fausse couche lors d’une randonnée. Des effets secondaires similaires aux deux premières IVG, car lors d’une fausse couche, le corps doit évacuer le foetus.

Mon corps, mon choix

Je n’ai aucun regret sur chaque décision que j’ai pu prendre. Ce n’était pas le bon moment. Je ne regrette en aucun cas d’avoir avorté. Et heureusement que l’on a cette chance de pouvoir le faire librement en France.

Aujourd’hui, Laury vit avec la crainte de retomber enceinte. Angoissée par ce qu’elle a vécu, elle explique que le chemin de la réadaptation à son corps et sa sexualité est encore long. Et que l’IVG reste une charge mentale pour se libérer de ce poids.