Batay coq, une tradition remise en question

Postée le 26/08/2022

Il y a ceux qui veulent voir la pratique disparaître et ceux qui veulent la voir inscrite au patrimoine. On est allés à la rencontre d’un habitué des batays coqs.  La pratique bénéficie d'une exception à la loi, la rendant possible dans quelques gallodromes. 

Si naturellement 10 coqs élevés dans une même basse-cour auront tendance à se donner des coups, la batay coq est loin d’être aussi naturelle. Les Réunionnais très joueurs et bons parieurs sont de grands amateurs des batays coqs. Ils se retrouvent régulièrement le week-end dans des “ronds” de batay coq semblable aux arènes de la Rome Antique. 

Pour l’historique, les batays coqs ne sont pas originaires de l'outre-mer. Elles existaient déjà au Vème siècle avant J.C en Grèce. En Orient, au Cambodge ou en Inde, des élevages de coqs pour ce “sport” prennent beaucoup d’ampleur. Sur l’île, l’histoire raconte que ce sont les engagés indiens qui ont ramené l’espèce de coqs que l’on appelle aujourd’hui “coq péi”. 

La batays coqs rapporte beaucoup aux joueurs, aux jockeys qui entraînent leurs coqs et misent des sommes parfois astronomiques sur un combat. Afin de réglementer un minimum la pratique, les ronds “clandestins” dans les petits quartiers sont interdits. Seuls cinq gallodromes sur l’île sont tolérés : 

  • Gallodrome de Saint-Denis : Rond SIDAT - Club Chatignan 974 : 19 rue du Stade de l'Est, Saint Denis

  • Gallodromes de Saint-Pierre : 474 chemin de Boissy, Saint-Pierre

  • Gallodrome de Saint André : "Centrale des coqs" à la Rivière du Mât les bas

  • Gallodrome de Saint-Benoît

  • Gallodrome du Port : rue George Bizet, Le Port 

La loi 

L’article 521-1 du Code pénal réprime les sévices et actes de cruauté envers les animaux : "Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende". Toutefois, une exception est faite pour les courses de taureaux et les combats de coqs dans le Nord-Pas-de-Calais et les Dom-tom.

 Un entraînement 

Le jockey que nous avons rencontré nous raconte comment ce “ sport” a bercé son enfance. Depuis son plus jeune âge, il élève, aux côtés de son papa, des coqs prédisposés à la batay. Un coq de combat est entraîné pendant 1 à 2 ans. “On n’envoie pas n’importe quel coq au rond”, affirme l'éleveur.

Un jeune coq prometteur, un jeune champion, peut aussi être revendu très cher. La batay coq est un divertissement pour beaucoup mais un réel travail et business pour d’autres. Il y a tout un rituel autour du coq. Le poussin est bichonné dès sa sortie de la coquille, tant par le jockey que la mère poule. Il est nourri deux fois par jour et largement chouchouté. 

 Les galops 

Si en équitation passer un galop pour un cavalier veut dire monter de niveau, il en est de même chez les coq, un galop, c'est un ring organisé entre un coq entraîneur qui encaisse les coups du coq destiné au gallodrome quand il sera prêt. 

Le combat, les règles 

Un combat de coq dure maximum deux heures, il n’est pas rare qu’un gallodrome reste ouvert parfois jusqu’à très tard dans la nuit. Avant que les pattes du coq frôlent le sable du rond, il y a la pesée. Les coqs comme les boxeurs ne s’affrontent que s'ils appartiennent à la même catégorie. Les paris, toujours en liquide, sont confiés à un arbitre. À la fin de chaque rond, le coq est hydraté, mouillé, parfois même massé par son propriétaire. L’ambiance peut se tendre suivant les sommes mises en jeu.

Si un des coqs recule trop souvent hors du rond, refuse de se battre, ou est trop blessé, le combat peut être annulé et l’adversaire empoche 80% de la somme pariée. Les combats à mort sont devenus rares. Les propriétaires tiennent trop à leurs coqs aujourd’hui pour les laisser se faire massacrer dans un rond, et la pratique peut être difficile à regarder. 

Un coq champion ou un coq habitué au rond ne finira jamais dans une assiette. Il servira d'abord à la reproduction puis finira ses jours, entouré d’un harem de poules.