Il est de nouveau cultivé depuis 2002 à La Réunion, mais a bien failli finir aux oubliettes. Le café Bourbon Pointu de La Réunion est aujourd’hui l’un des cafés les plus chers et les plus raffinés au monde.
Nous sommes dans les hauts de Saint-Paul, à la ferme Sliti, encore appelée le Domaine des Caféiers. Comme une soixantaine d’autres agriculteurs sur l’île, Martine et Mongi Sliti ont décidé de se lancer dans l’aventure du café. Et pas n’importe quelle aventure : celle de relancer la production d’un café qui a bien failli disparaître, le Bourbon Pointu.
Découverte en 1771, ce café est un Laurina, une variété du caféier d’Arabie. L’histoire raconte qu’il était très apprécié par Louis XV et sa Cour. Le café de l’île Bourbon connaît alors ses années fastes avec un pic de production de 4000 tonnes en 1800.
Les aléas climatiques - notamment les cyclones - les maladies qui touchent les caféiers, ainsi que l’extension galopante des cultures de canne à sucre, relaient petit à petit au second plan cet or pas tout à fait noir. La dernière cargaison est exportée en 1942. C’est la fin du Bourbon Pointu.
Mais c’est sans compter l’obsession que vouait un Japonais, Yoshiaki Kawashima pour le Bourbon Pointu. Il rêve d’y goûter depuis qu’il en a entendu parlé lors d’un voyage. Il est aussi accessoirement directeur du centre de recherche agricole d'UCC Ueshima Coffee Co. Après plusieurs déceptions et frustrations, c’est le graal. Il consacre alors une grande partie de son temps à la remise en culture de ce fameux café.
Des plants sont confiés en 2002 à des agriculteurs expérimentateurs. Les premières récoltes se font en 2005. En 2007, le Bourbon Pointu de La Réunion obtient la distinction de “café premium”. Vendu entre 500 et 800 euros le kilo, le Bourbon Pointu est aussi délicat à cultiver. “Sur un kilo de café-cerise, quand on a fait tout le travail, on a enlevé la peau, on a enlevé l’eau, on a enlevé la parche, il ne reste plus que 10%”, détaille Martine Sliti. Il faut dire que sa longueur en bouche, son arôme fruité et ses notes d’acidité en font un café bien remarquable selon les connaisseurs. Il fait aussi partie des cafés avec un taux de caféine parmi les plus bas : 0,4 à 0,8% contre 1,5 à 1,8% pour un arabica classique.
Si aujourd'hui, le Bourbon Pointu ne se retrouve pas qu'à La Réunion, mais aussi à Madagascar, ou encore au Brésil, celui cultivé sur l'île garde sa particularité. "Ce qui fait le goût d'un café, c'est son terroir. Et le terroir du Bourbon Pointu, c'est La Réunion", argumente Martine Sliti.