La Réunion est un fief pour la culture de la vanille et de nombreuses vanilleraies exportent leurs récoltes comme produits de luxe. En août 2021, la Commission Européenne a attribué une indication géographique protégée (IGP) à la vanille de La Réunion. Une distinction honorant la qualité du produit, mais également le rôle joué par l'île dans la culture de cette épice.

Nous sommes allés à Sainte-Suzanne rencontrer une famille de planteur. Maurice Roulof nous confie : “Je suis la 4e génération dans ma famille à cultiver la vanille”. Dans sa vanilleraie, il nous explique comment se cultive l'orchidée et comment sa fleur se transforme en une épice raffinée.

 Ce qu’il faut retenir, c’est que si les gousses coûtent cher, c’est à cause de tout le travail préparation dont cette culture a besoin. 

Pour obtenir une gousse, il faut polliniser une fleur. Le timing est très serré, celle-ci s'ouvre seulement pour 24 heures. Le travail d’un marieur ou d’une marieuse est de faire entrer en contact l’organe mâle avec l’organe femelle de l’orchidée. Ce travail laborieux et méticuleux est réalisé à la main par les propriétaires ou leurs employés. 

Polliniser une fleur, c’est tout un savoir-faire qui ne date pas d’hier. Edmond Albius, esclave d’un propriétaire terrien, est seulement âgé de 12 ans lorsqu'il découvre comment les fleurs doivent être manipulées pour donner des gousses de vanille. Cette belle histoire n'en est pas vraiment une. La trouvaille du jeune Edmond est vite récupérée et ce dernier vite effacé. La paternité de cette découverte, Edmond Albius ne la récupérera que 100 ans après sa mort.  Pendant longtemps, la fécondation de la vanille sera l'affaire de riches blancs de l’île. 

La vanille de La Réunion, encore une histoire de terroir

Pour se lancer dans le business de la vanille sur l’île, “il faut être patient. C’est quand même beaucoup de travail”, soupire Maurice Roulof.  Après la plantation de l’orchidée, il faut attendre 3 ans avant qu’apparaissent les premières fleurs. Cueillies encore vertes, les gousses doivent être préparées pour être consommées.

Elles sont donc plongées dans une eau à 65°C, puis entreposées dans des caisses couvertes pendant 12 heures, où elles obtiennent leur couleur brune. 

Il faut attendre encore trois à quatre ans pour qu’un vanillier donne ses premiers fruits. Le plant de vanille doit être renouvelé en moyenne toutes les décennies si l’agriculteur souhaite rester productif. 

Une épice prisée 

La vanille de La Réunion reste l’épice phare que les touristes de passages aiment ramener dans leurs bagages. Pourtant, ils ne sont pas les seuls à en consommer, les chefs et les pâtissiers sont nombreux à élaborer des mets fins avec ces gousses aux arômes puissants. On dit même que la vanille de La Réunion est la meilleure au monde...