La Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre enregistre par mois 1574 visites. Depuis la crise sanitaire, ils sont de plus en plus nombreux à être en situation précaire, pour pallier ces manques, l’équipe de la boutique offre un accueil inconditionnel.
La Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre à Saint-Denis est appelée la Cour des miracles par certains, la BS par ces habitués ou encore le café d’Abbé Pierre. Dans l’enceinte de cette maison, un jardin avec des tables ou les gobelets remplis de café fumant sont consommés jusqu'à 10 heures, 11 heures pour d’autres. À la Boutique, on a rencontré Jessica, la responsable du lieu qui est très impliquée dans l’avenir de ces hommes et femmes en situation précaire.
“On ne fait pas à la place du droit commun”. Jessica Brennus s’occupe de la Boutique depuis maintenant deux ans et des miracles ou des situations difficiles à gérer, elle en a déjà vus un paquet.
Avec beaucoup de patience, d’empathie, Jessica peine à aider ces hommes, ces femmes, qui pour certains n’ont ni toit ni adresse de domiciliation. Pour qu’ils puissent garder un contact avec la vie active ou simplement avoir des papiers d’identité, Jessica les aide chaque matin sur différentes tâches administratives. Du ticket de bus qu’elle distribue gratuitement, au coup de fil pour les dossiers de la CAF, l’équipe de la Boutique œuvre sur presque tous les fronts afin d’aider ceux dans le besoin.
On a rencontré un monsieur qui a pour surnom Steven Seagal. L’habitué de la boutique a aujourd’hui trouvé un logement et, avec l’aide de la religion et du soutien qu’il a trouvé à la Boutique Solidarité, il a réussi à arrêter de boire. EN 2021, plus de 20 personnes ont pu accéder à un logement grâce à la Boutique Solidarité. Steven confie : “Dans mon temps, il n’y avait pas tout, ça, il fallait être débrouillard, je me lavais dans la rivière de Saint-Denis.” Aujourd’hui, cet ancien chef cuisinier de 62 ans vit dans un petit appartement en plein centre de Saint-Denis et rend régulièrement visite à “sa grande sœur, Madame la Directrice” grâce à qui, selon lui, il a pu sortir de sa situation.
Le 115, une fausse solution
S’il y a quelques années, vivre dans la rue était déjà très difficile, aujourd’hui, il y a le soutien de certains qui tentent de faire sortir de nombreuses personnes de cette misère.
De nombreux SDF font la queue au téléphone fixe de la Boutique Solidarité, en espérant chaque matin que le 115 décroche et leur accorde une place pour un abri de nuit. Un abri où le repas n’est pas donné, un abri où ils dormiront à peine, car ce ne sont pas de vrais lits sur lesquels ils pourront espérer trouver repos, ce n’est rien d’autre qu’un toit éphémère.
De plus, ils sont plus d’une centaine à appeler chaque jour le 115. Hélas, le dispositif n’a qu’une vingtaine de lits pour tous les sans domicile fixe de l’île. Bref, un fléau pour lequel l’Etat n’a pas trouvé encore de solution.
Jessica et son équipe tentent chaque jour de trouver des solutions pour loger ces hommes, ces femmes, ces jeunes qui depuis la crise sanitaire et économique sont de plus en plus nombreux à arpenter les rues de la capitale.
Le tabac chimique fait un gros “hic”
Livrés à eux-mêmes dans les rues, ou plutôt livrés aux plus grands des loups avides d’argent et de pouvoir, de nombreux gars se retrouvent embrigadés dans des réseaux de distribution de produits illicites. Si certains se font accoster pour “raler deux taffs”, d’autres consomment quotidiennement ce qui fait dramatiquement fureur depuis 2014 : le tabac chimique.
C’est une drogue, mélange de tabac imprégné d'alcool et de cannabinoïdes de synthèse. Ce tabac modifié chimiquement, préparé de façon artisanale et revendu 20 grammes la barrette, fait sensation auprès de ce public précaire.
Pour limiter toutes ces consommations qui mènent la plupart du temps au CHU de Bellepierre plutôt qu’à la réussite, la Boutique a établi un partenariat avec France Addiction. Chaque semaine, deux intervenants prennent part aux petits groupes de consommateurs et abordent le sujet des consommations de drogues, comme le zamal ou le tabac chimique. Avec de simples mots, de simples discussions qui doivent être pour certains régulières, ils réussissent à sensibiliser le public à ces drogues et parfois même réussissent à séduire certains des consommateurs avec les cures de désintox.