Staark : mangaka made in Réunion

Postée le 21/10/2022

Autodidacte depuis son plus jeune âge, Staark a su s’imposer dans la mangasphère, devenant ainsi le premier mangaka réunionnais. (Re)découverte d’un artiste au talent pei.

Yvan Soudy, alias Staark, est le seul mangaka de l’île. C’est dès son plus jeune âge que ce féru de culture et d'animation japonaise fait sa première rencontre avec le Club Dorothée à la TV. Nous sommes dans les années 90. C’est en regardant des séries comme Nicky Larson, le petit chef ou encore l’école des champions qu’il comprend qu’il veut travailler dans l’animation et dessiner. Son souhait était de devenir réalisateur de dessins animés. Pourtant, c’est vers la version papier, le livre, qu'il s’est dirigé. “J’ai découvert que ces dessins animés que je regardais et qui venaient du japon, étaient d’abord des livres et qu’ensuite, c’était produit en animés, je me suis intéressé à ce format, et j’ai trouvé ça beaucoup plus attrayant. Et c’est comme ça que je suis tombé dans la spirale du manga.”

Un univers qui ne l'a jamais quitté

Après le bac, Staark rentre dans une école de jeux vidéo et d’animation. Il y a appris tous les codes génériques de la narration, de l’écriture, du dessin. Il rejoint par la suite un atelier de bande dessinées avec l’auteur Shovel. C’est à partir de ce moment-là qu'il commence à étudier la narration dans le manga, ses codes et qu’il s’est lancé en autodidacte.

“Raconter avec le rythme que je veux”

Dans le manga, il y a près de 184 pages, ce qui permet à l’auteur de prendre le temps qu’il souhaite pour développer une histoire, une intrigue. A contrario, dans le cinéma d’animation, il y a des budgets à respecter, des choses qui ne sont pas possible à réaliser et dans la BD, il n’y a seulement que 42 pages.

Il n’y a pas de limites, qu’elles soient budgétaires ou narratives, seulement du dessin. “Avec le manga, je peux vraiment raconter ce que je veux, comme je le veux, c’est ça qui me plaît le plus.” 

Redskin a commencé quand Staark a décidé de se lancer sur des plateformes numériques comme MangaDraft. “J’avais un moyen de faire lire mes histoires par tout le monde, sans être édité, sans pour autant être professionnel. Pour Agatho, je voulais un personnage différent. Tous les mangas que je lisais, Naruto, One Piece, Dragon Ball, les héros étaient très similaires. Gentils, altruistes, ils voulaient sauver le monde…J’ai donc fait tout le contraire. Je me suis dit que j’allais faire un héros sociopathe, qui n’aime pas les gens, que la société ne lui convient pas. Après je me suis posé la question du métier, qu’est-ce qui pourrait lui convenir et qui n’a pas été fait ? Le métier de vétérinaire. C’est comme ça qu’est né Agatho. Il est sacrément sociopathe.”

Une histoire de storyboard

Quand il a des idées, qu’il dessine, Staark fait toujours son storyboard sur papier. C’est la technique qu’il préfère. “C’est plus facile de construire mes planches sur papier que sur tablette, je m'emmêle moins les pinceaux. Je vais quand même utiliser la tablette mais seulement pour réaliser les planches définitives, juste avant de les envoyer à mon éditeur”. La tablette reste un gain de temps pour l’auteur même s’il préfère la technique traditionnelle. Il ne faut pas oublier que le mangaka doit suivre un rythme de parution demandé par son éditeur.trice. Elle allie efficacité, qualité et rapidité ce qui est moins facile d’obtenir sur un storyboard traditionnel. 

Si vraiment je devais donner une moyenne, une planche standard c’est environ 5 heures. Du crayonné, encrage, tramage, bulles, textes, à peu près 5 heures. Après bien sûr, il y a des planches qui peuvent prendre 3 jours comme 30 minutes, mais oui, 4-5 heures c’est le temps que je mets généralement."