Villa Cœur Créole propose des vacances aux aidants-familiaux et leurs familles. Le but : laisser la charge mentale à la maison le temps d’un week-end. Les valises n’ont plus qu’à être posées, Valérie, la maîtresse de maison s’occupe de tout.
Valérie Souprayenmestry est infirmière libérale sur Saint-André. Propriétaire avec son mari d’une villa en front de mer sur Saint-Anne, elle a d’abord commencé son aventure par faire de la location saisonnière. Passionnée par son métier dans le médical, c’est au contact de ses patients et leurs familles qu’elle a eu l’idée de créer Villa Coeur Creole. C’est dans un but de partage qu’elle propose des vacances aux aidants-familiaux et leurs familles. Elle a pensé à tout. Lits médicalisés, fauteuils automatiques, soins infirmiers, massages, détente au bord de la piscine, jacuzzi, 3 bungalows. Tout a été mis en place pour que les personnes âgées, et personnes handicapées viennent se reposer le temps d’un week-end avec leurs parents. Laisser la charge mentale à la maison est le mot d’ordre de Villa Coeur Creole. “Quand j’ai vu cette propriété, ça m’a donné envie de la partager avec d’autres personnes, j’ai toujours été de nature généreuse. J’ai envie que tout vienne du cœur et que tout le monde puisse accéder à la villa, avec des tarifs attractifs.”
Un métier de passion
L’histoire commence fin 2021, début 2022. Valérie part faire sa tournée journalière. Au cours d’une discussion avec la famille d’une de ses patientes, elle s’aperçoit de la charge mentale active des familles. En lien avec les ambulanciers avec qui elle travaille, elle propose un week-end test avec sa patiente et sa famille. La personne âgée alitée sera dans la villa, et les parents dans un bungalow à côté. “Ils sont tombés sous le charme, ils ont eu un bungalow pour profiter et moi je me suis occupée de la personne âgée. Trois jours sont passés, ils sont rentrés chez eux très contents, et ont commencé à en parler autour d’eux. Ça a fait effet boule de neige. Tout le monde à commencé à m’appeler, j’avais pas encore mis de tarifs, je n’avais pas prévu que ça se passe comme ça.” Les week-end ou Valérie ne travaille pas, elle accueille les familles. Elle donne de son temps et reste présente sur les lieux pour que les familles puissent profiter pleinement de la propriété, et également la nuit si la personne âgée ou handicapée a besoin d’aide.
“Ce n’est pas un centre médicalisé”
“Je précise bien aux familles que ce n’est pas un centre médicalisé. Ce n’est pas une famille d’accueil, je ne suis pas famille d’accueil. On ne peut pas déposer sa personne âgée/handicapée et partir le reste du week-end. Ils viennent en vacances et je leur offre mes connaissances d'infirmière et du matériel spécialisé pour qu’ils puissent profiter au maximum de ces jours de césure.”
Le métier de Valérie, c’est 24h/24h, 7 jours sur 7, elle peut être appelée le soir. “J’aime mon métier en fait.” Et en accueillant les personnes le week-end, en vacances, c’est autre chose : “Je suis dans un autre contexte, une autre perspective de mon travail.” Même si elle peut être amenée à réaliser des soins infirmiers, pour elle, elle reste dans le contact, le partage avec les personnes qui viennent chez elle. “Elles ne me voient pas en tant que soignant, je ne suis pas là pour faire la toilette, ou encore l’insuline, je suis là en partage d’un moment. J’ai ce temps là la journée, que je n’aurais pas forcément en semaine, pendant ma tournée.” Les soins infirmiers sont d’ailleurs réalisés par une équipe de Saint-Anne, Valérie essaye de faire vraiment la distinction.
Une initiative isolée
Pour l’instant, Valérie est la seule sur l’île à proposer ce type de vacances. “Ce qui fait que je peux le faire, c’est que je suis chez moi, que les bungalows sont aussi dans la propriété, que je suis infirmière, ça facilite beaucoup les choses, et puis je ne compte pas mes heures.”
Valérie aimerait beaucoup que Villa Cœur Créole évolue, car elle a énormément de demandes et n’a pas forcément le planning. “Quand je vois le sourire des personnes âgées et de leurs familles, ça me donne envie de continuer et même, pourquoi pas, dans le futur, ouvrir une villa dans l’Ouest ?”
Cela reste une grande logistique qui n’est encore qu’à l’état de projet. “Il faut trouver une villa, le personnel, que les tarifs restent attractifs, car les familles peuvent ne pas avoir les moyens.”
“S’occuper de sa famille est un vrai métier et qui est sous-représenté. Être aidant familial, c’est une charge mentale et physique. Laissez le sentiment de honte et de culpabilité à la maison. Vous avez le droit de partir en vacances, et que l’on prenne soin de vous. Peu importe la maladie ou le handicap, on s’adapte, tout le monde à le droit de partir en vacances.”