Maria est hôtesse de bar. Fatiguée de sa nuit dernière et de la consommation d’alcool avec les clients à qui elle tient compagnie, elle raconte son métier psychologiquement difficile.
"Je prends le masque de Maria dès que je passe la porte”
Il est bientôt 22 heures, Maria pousse la porte blindée de ce bar de l’île qui accueille des hôtesses, des hôtesses de bar. Dans le bar, un gros fauteuil rouge imitation velour ornée de décoration un peu grossières, couleur dorée. Le décor rappelle presque ces salles de jeux de monarque où toutes les discussions charnelles devaient se tenir loin des yeux moqueurs, loin des rumeurs, des envieux et des potins.
La vraie Maria
La jeune femme de 28 ans et maman de deux enfants vient s’asseoir dans ce grand fauteuil qui lui est familier. Presqu'un an qu’elle cotoie ce bar. De 22 heures à 2 heures du matin, elle séduit, joue, danse mais surtout discute avec tous ces hommes, ces couples qui passent eux aussi la porte blindée de ce bar.
Un métier psychologiquement lourd
Si discuter toute la nuit avec des clients et les pousser à la consommation d’alcool au bar est le métier de Maria, elle avoue que “la charge psychologique est lourde. Ce sont des gens qui viennent avec leurs problèmes, on les absorbe forcément, ils viennent extérioriser tout celà, ce n’est pas évident…”
3 mois d'adaptation avec son nom d’emprunt et sa lingerie rapidement enfilée entre quelques questions. L’hôtesse décrit sa vie, sa routine, le boulot jusqu'au petit matin. Un retour express à la maison, le chemin vers l’école à 8 heures pour les enfants et surtout pas de sieste la journée. “On s’habitue à tout, le corps s’habitue à tout, même à l’alcool.”
Amalgame
Marie insiste, c’est un vrai métier. Fatiguée et les yeux courroucés de cernes qu’elle a tenté d’atténuer, deux traits de rouge à lèvre,. En se maquillant devant les grands miroirs du bar, Maria relance la machine, remet son masque et enlève son masque de maman, s’invente une toute autre vie en tentant d’esquiver certaines questions des clients insistants. “On a des règles à suivre pour justement se protéger.” La jeune femme narre ce qu’elle entend encore dans certaines discussions : “Tu es une fille légère, je suis sûre que si on te glisse un billet tu pourrais faire plus que discuter. Non.” Le regard de Maria se durcit, “ mes valeurs, ma personnalité n’ont pas changé”.
Maria n’est pas strip-teaseuse, n’est pas une prostituée, sa lingerie fine, ce masque, elle s’en accommode. Le temps de plusieurs nuits, elle écoute, répond, entretient une discussion, veille à ce que les clients consomment.