Eric Fontaine, le maréchal-ferrant

Postée le 17/02/2023

Eric Fontaine est maréchal-ferrant. L'homme à la carrure imposante s’est formé avec son papa, à Chantilly, dans les écuries qui gardaient de nombreux chevaux de course. Autour des pistes qu'il apprend à ferrer, il découvre le milieu de la course, la pression que l’on met sur ceux qui soignent le cheval qui vaut chère, la pression pour ferrer un cheval qui court pour de grosses sommes d’argent.  “À Chantilly, il y a les plus jeunes, confie le maréchal, les poulains sont hyper speed, physiquement  on est souvent malmené et bousculé...” rappelle-t-il avec un rictus au coin des lèvres. 

Si son grand-père ferrait les chevaux de trait et son père les chevaux de course, Eric Fontaine ferre, lui, tous types de chevaux. À 18 ans, il s’en va avec sa sacoche découvrir le monde. 

“Après avoir quitté Chantilly, je suis allée au Maroc où je m’occupais des chevaux de l’ancien ministre de Rabat”, cite l’artisan avec beaucoup d’humilité. 

La Réunion, une occasion 

Installé sur l’île depuis 27 ans, le maréchal-ferrant explique avoir répondu à un besoin il y a quelques années. “On ne pouvait pas être que deux à ferrer les chevaux sur le département, aujourd’hui, il me semble que l’on est 7.” 

Les maréchaux-ferrants travaillent tant avec des centres équestres qu’avec des particuliers, sur l'île, entre 4000 et 5000 chevaux ont été recensés. 

“On a  notre carnet d’adresses qui est établi, on fait un métier où on ne sera jamais remplacé par des machines, on travaille dehors, on est dans la nature, on crée un lien avec le cheval, c’est sympa.” Le maréchal bat son fer encore chaud et précise : “D'ailleurs, pendant le confinement, on a travaillé, parce qu' un cheval a besoin d’être ferré…” 

La tâche du maréchal demande d’être physiquement robuste, du moins de quoi maîtriser un cheval qui sent rapidement si l’on ne le prend pas au sérieux et risque de vouloir bousculer un peu le spécialiste qui le consulte. 

Toutes les 5 semaine,s Eric revient avec ses fers, ses clous et ses pinces s’occuper des sabots des chevaux. Il enlève d’abord les fers abîmés, coupe la corne et lime l’intérieur et l'extérieur du sabot pour que ce soit propre et que l’animal ne se blesse pas. L’étape la plus spectaculaire, c’est lorsque l’artisan vient poser le fer chaud et l’adapter au sabot du cheval. 

“Tout le monde me demande si ça lui fait mal, en réalité il n’a aucun nerf dans cette partie, il ne sent rien”. Immobile, le grand cheval au garrot dépassant 1.80mètre n’a pas bougé d’un centimètre et s’est laissé ferrer en broutant sa paille. 

Aujourd’hui, Monsieur Fontaine œuvre avec la Chambre d’Agriculture pour dispenser des formations aux jeunes de La Réunion. Son fils a rejoint son entreprise depuis l’arrivée du covid et qui sait, il fera perdurer cette histoire de famille qui bat le fer chaud pour le bien des chevaux.