Simangavole, c’est le premier groupe de Maloya composé uniquement de femmes. Un Maloya puissant et engagé, une identité que revendique haut et fort Katy Toave, leader du groupe.
Derrière "Maloya maniér fanm", Maloya manière femme, Katy Toave et le groupe Simangavole ont voulu s'approprier le Maloya sous toutes ses facettes. Une revendication identitaire qui puise ses origines dans l'ADN de chaque membre du groupe essentiellement féminin. "Jusqu'à pas trop longtemps, Maloya té quand même dominé par la gent masculine", explique Katy Toave. Les femmes étaient alors souvent reléguées au second plan "à faire les choeurs ou bien danse danse un peu", ajoute-t-elle. Du chant à la danse, des percussions à l'écriture, l'objectif de Simangavole était de montrer ce dont "les femmes étaient capables".
"Z'enfants déracinées"
Depuis 1998, Simangavole fait résonner son Maloya. Ayant grandi en Métropole, Katy Toave se rappelle de sa rencontre assez tardive avec La Réunion : "Mi lé un zenfant déraciné. A l'adolescence, mi vien passe mon premiers vacances ici". C'est alors qu'elle découvre le rite Kabaré malgache pratiqué par sa famille et à travers lui, le Maloya. Un "choc positif" selon l'artiste-musicienne qui marquera à jamais son amour pour La Réunion "et tout ce qu'elle représente".
Le groupe Simangavole fête cette année ses 25 ans, l'occasion de revenir sur 25 ans de combat pour le Maloya. Des textes engagés, tantôt centrés sur la place de la femme dans la société réunionnaise, tantôt dénonçant les fléaux d'une société trop vite mondialisée. "La société réunionnaise i évolue, et lé normal... mais faut pas perde nout l'identité", clame Katy Toave. Une identité qui passe par ce qu'elle nomme "la Cafrineté" : "C'est nout physique, nout couleur noire, nout cheveux cognés, tout ça i fait à nous".
Simangavole, l'esclave marronne au caractère bien trempé
Le groupe tire son nom d'un pan de l'histoire réunionnaise, celui du marronnage. Simangavole était l'une des huit filles d'Eva en Anchaing, deux esclaves ayant fui à Salazie. "Simangavole l'était connue pou son caractère fort" et aussi parce qu'elle était l'une des premières et seules femmes à siéger au conseil marron, auprès des chefs, dont son mari, Matouté. Simangavole était décrite comme guerrière et conseillère. Elle était la onzième chef de ce groupe de marrons s'érigeant contre le pouvoir colonial.