Bienvenue dans l’univers de Philippe Clain, artisan luthier, où fabrication, réparation et restauration se mêlent à une passion commune : la musique.
Passionné par la musique dès son plus jeune âge, Philippe Clain apprend les rudiments du piano et découvre le violon. “Les deux premiers disques qui ont bercés mon adolescence sont le concerto pour piano et orchestre de Tchaïkovski et un 33 tours d’Eddy Cochrane.”
Il se passionne très vite pour sa première guitare et parmi ses amis qui fondent des clubs de musique folk, il découvre toutes les facettes de cet instrument très populaire.
Passé par l’école du livre et une formation d'ébéniste en restauration, il s’installe à Paris et travaille pour les frères Baschet, des physiciens acousticiens. Dans l’atelier de François Baschet, il rencontre de nombreux facteurs d’instruments et luthiers du monde entier.
En 1972 il s’installe quelque temps en Ardèche où il restaure des pianos et répare des violons.
“Je ne me suis jamais acheté des marques d’instruments. Je me suis toujours acheté des instruments où j’avais le sentiment que je pouvais les transformer. Et donc j’ai eu un cheminement comme ça, un petit peu par-derrière, je ne me suis jamais présenté comme étant un marchand de marques.”
C’est en 1984 qu’il quitte la métropole pour l’île de La Réunion où il rejoint des membres de sa famille.
Vivre sur une île au milieu de l’océan Indien
Arrivé sur ce caillou posé au milieu de l’océan Indien, il commence à travailler à l’Education nationale en tant que professeur d'ébénisterie. “Le statut d’enseignant, j’avais peur qu’il ne me permette pas de continuer mon métier de luthier. Et puis en fin de compte, je me suis aperçu que j’avais autant de choses à apprendre à l’Education nationale que tout ce que j’avais appris avec tous les facteurs d’instruments de musique. Et donc j’en ai profité. Ça m’a beaucoup apporté.”
Être luthier, ce n’est pas juste savoir qu’un manche s’assemble avec un corps de guitare pour faire une guitare. “On va chez le marchand de pièces détachées spécialisé. On achète un manche et un corps, on les assemble puis on se dit, youpi, je suis luthier. Ce n’est pas vrai ! C’est un métier beaucoup plus complexe que ça. Il faut avoir la connaissance sur les bois, sur les machines, comment gérer cet outillage, comment gérer la matière première, comment la classer, comment la répertorier, comment la valoriser, connaître les marchés etc… Ça c’est très important.”
Même s’il fait bon vivre sur une île, être artisan au milieu de l’océan n’est pas tous les jours facile. “Il y a des politiciens au Parlement, qui apparemment se sont battus pour maintenir l’octroi de mer et protéger la production réunionnaise. Personne n’est entendu quand on répond : 'Quelle production réunionnaise ?' Parce que la seule production réunionnaise où l’on n’a pas besoin d’octroi de mer, c’est en agriculture, un peu d’ananas et de la canne à sucre. S’il peut y avoir de la production à La Réunion, ce n’est pas pour les matières premières. Donc on va produire en important des matières premières, des produits semi-finis, des pièces détachées… C’est une concurrence déloyale, car nous payons le fret dans un sens comme dans l’autre. Et en plus de ça, on nous demande de payer l’octroi de mer qui est une injustice épouvantable pour tous les petits artisans.”
Toujours souriant et disponible pour ses clients, ce philanthrope continue ses fabrications et ses restaurations. La lutherie reste sa passion et sa raison de vivre.
Ses créations sont disponible sur son site internet .