”Ces petites victimes vous confient une partie de leur existence”

Postée le 29/09/2023

Inceste, harcèlement scolaire, violences intrafamiliales…  Me Sandrine Antonelli nous parle de son métier d’avocate et de son engagement citoyen dans ces affaires devenues les plaies de notre société. 

Sandrine Antonelli est avocate au Barreau de Saint-Denis à La Réunion. Son métier, elle le voit comme un combat. "C'est ma cause", insiste-t-elle en développant les dossiers qu'elle a en charge. "On a affaire à des petites victimes ou à des majeurs, des gens, qui vous confient une partie de leur existence", rappelle-t-elle. L'avocate est référente auprès des associations MeToo Inceste 974, MeToo harcèlementscolaire 974 et les VIF (violences intrafamiliales). Des affaires qui sont de plus en plus nombreuses, en raison de la libération de la parole d'un côté, et de la médiatisation de ces fléaux de la société actuelle, de l'autre.  5 348 informations préoccupantes pour violences sexuelles sur mineurs ont été recensées en 2022 à La Réunion. Un risque 50% plus élevé que la moyenne nationale. 

En France, toutes les 3 minutes 1 enfant est victime de viol, d’inceste ou d’agression sexuelle. 1 enfant sur 5 serait victime de violences sexuelles en France.
A La Réunion,  on estime par jour à 15 le nombre d'enfants victimes de violences. Ce qui représente environ 5300 enfants par an.

 

Au-delà d'un simple métier, pour Me Antonelli c'est le combat citoyen qui prime. "J'ai toujours aimé le combat, toujours défendu ceux qui avaient besoin de l'être". Il en est de même lorsqu'elle porte la robe noire. Son engagement a commencé lorsqu'elle a été mobilisée sur des permanences parties civiles. "J'ai été amenée à avoir en charge des dossiers difficiles", cite-t-elle les affaires d'inceste et de viols sur mineur. Et d'ajouter : "Cela m'a orientée dans mon parcours de recherche d'amélioration du système." Son rôle : accompagner les victimes du dépôt de plainte à l'audience. "On est là pour que ça se passe bien, pour que la personne arrive à parler, à témoigner. C'est important pour elle, c'est important pour la famille et c'est important pour son avenir parce qu'elle va devoir se reconstruire", argumente-t-elle.

1 jeune Réunionnais sur 8 est victime de harcèlement scolaire.  La Réunion est à la 3e position des départements avec le plus de violences intrafamiliales. En 2022, sur 11  208 victimes de violences sur l'île, 1 personne sur 2 l'est au sein de la famille. Des chiffres qui selon l'avocate sont représentatifs d'une société qui va mal et pas uniquement à l'échelle locale. "Les enfants sont les adultes de demain", alerte-t-elle sur la problématique du harcèlement scolaire. "Le harceleur, bien souvent, est victime lui-même chez lui", un paramètre qui n'excuse pas les faits, mais qui permet de se faire une idée du mal-être profond qui anime ces affaires. 

Chiffres :  CRIP 974