Kenya, tuée par un jet de galet : “Je ne veux pas que cette histoire tombe dans l’oubli”

Postée le 13/10/2023

Kenya, 25 ans, est morte après avoir reçu en plein visage un jet de galet qui a traversé le pare-brise de son véhicule. Son mari, Damiano et sa soeur, Chenilla, nous livrent leur témoignage. 

Nous sommes le samedi 30 septembre, en début de soirée. Kenya et Damiano ont prévu une soirée en amoureux. Ils circulent en direction de l'Ouest lorsque leur véhicule est la cible d'un jet de galet, depuis le pont de la Rivière-des-Galets. "Je n'ai pas compris tout de suite", se souvient Damiano, qui conduisait le véhicule. "C'était comme un coup de canon", explique-t-il. Lorsqu'il tourne la tête vers sa femme, assise côté passager, il fait face au pire. Kenya a la tête inclinée vers l'avant. L'habitacle de la voiture est recouvert de sang. Elle a été heurté en plein visage par le projectile d'environ 3kg. "Le galet a traversé une partie de son visage et a atterri dans le siège de mon bébé", souffle-t-il. Heureusement, leur petit garçon âgé de deux ans et demi, n'était pas avec eux ce soir là. "Sinon, il y serait aussi certainement passé", lâche-t-il.

En état d'urgence absolue, la jeune femme de 25 est transportée à l'hôpital. Elle sera plongée dans un coma artificiel. Sa soeur, qui apprend l'accident le soir-même, rejoint immédiatement La Réunion, depuis Mayotte, son lieu de résidence. Arrivée à l'hôpital, elle ne réalise pas. "Je pensais pouvoir la voir, mais ils m'ont demandé d'attendre dans une pièce. C'est là que j'ai compris que c'était grave", raconte-t-elle. "Quand j'ai pu la voir, elle avait tout le visage bandé, elle a été complètement défigurée". 

"Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" : une qualification incompréhenssible pour la famille

Dans le même temps, une enquête est ouverte pour "tentative d'assassinat". Le véhicule de Damiano et Kenya n'est pas le seul ayant subi des jets de projectiles ce soir-là. Un véhicule a même reçu un caddie. Les auteurs présumés sont tous mineurs. Ils se seraient rendus au niveau du pont, un caddie rempli de galets, et auraient pris pour cible les véhicules circulant sur la deux fois deux voies. Cinq jeunes sont interpellés. L'enquête prend un tournant le mardi 3 octobre. Kenya ne survivra pas à ses blessures. "Il n'y avait plus rien à faire, ils ont décidé de la débrancher", lâche Chenilla, la gorge nouée.
 
Deux des cinq mineurs risquent donc une mise en examen pour assassinat. Âgés entre 14 et 15 ans, ils expliqueront qu'il s'agissait d'un jeu qui a mal tourné.  "On ne vient pas délibéremment avec un caddie rempli de caillasse, sans savoir ce que l'on va faire", explique Me Tragin. Pour l'avocat de la famille, l'intention "de causer des blessures", ne fait aucun doute. Les deux jeunes sont finalement mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et placés en détention provisoire. Une qualification que l'avocat compte bien contester, non sans tâcler l'absence de contact et de dialogue, aussi bien du côté administratif que judiciaire. "Les victimes passent toujours après. Personne ne les a contactés pour leur expliquer ce qu'il se passait, ce qui allait se passer", déplore-t-il. Pour Damiano, l'excuse de minorité n'a pas lieu d'être. "On ne peut pas dire qu'à 15 ans, on n'est pas responsable, qu'on ne sait pas ce que c'est la mort, qu'on ne sait pas ce que c'est de tuer quelqu'un", fustige-t-il.

La famille de Kenya espère aujourd'hui que "justice sera faite" et que des mesures seront prises pour sécuriser cet axe routier.