C'est quoi la justice restaurative ?

Postée le 16/02/2024

Nombreux l'ont découverte à travers le film de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages, sorti en 2023. Pourtant, la justice restaurative existe depuis 2010 en France, année pendant laquelle elle a été expérimentée. Son pionnier, Robert Cario, professeur de criminologie a fondé en 2013 l’Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR). Officiellement reconnue et institutionnalisée par la loi du 15 août 2014, elle voit son cadre de mise en oeuvre fixée par la circulaire du 15 mars 2017. La justice restaurative est aujourd'hui un droit. Elle est accessible gratuitement à toute personne, victime ou auteur d’une infraction pénale. À quoi sert-elle ? Comment ça fonctionne ? Rencontre avec Marthe de Laclos, conseillère conjugale et animatrice en justice restaurative à l'antenne réunionnaise de l'IFJR.

"On n'est pas pro auteur, on n'est pas pro victime. On est pro humain", pour Marthe de Laclos, jugement et compassion n'ont rien à faire dans les mesures de justice restaurative. La conseillère conjugale de formation a fait connaissance avec la justice restaurative lors de ses interventions en détention. "C'est bien d'aller là où personne ne veut et j'ai trouvé le principe de la justice restaurative hors du commun", commente-t-elle.

La justice restaurative offre un cadre complémentaire à la justice pénale, permettant aux victimes et aux auteurs d'infractions de dialoguer dans le but de réparer les conséquences de ces infractions, de favoriser la compréhension mutuelle. Cette pratique, qui peut intervenir à tout moment de la procédure pénale, repose sur le volontariat et la confidentialité, sans influencer la décision judiciaire. "Mis à part de la réparation, les participants n'ont rien à y gagner", insiste Marthe de Laclos.

On distingue plusieurs types de mesures. Parmi elles, des rencontres ou échanges (directs ou indirects) entre auteur et victime d'une même affaire, appelées médiations restauratives et des rencontres de groupe qui permettent à des auteurs et des victimes non liés par une même affaire, mais par une même thématique, de se rencontrer. Ces rencontres peuvent se dérouler en milieu ouvert, hors détention et en milieu fermé, en détention.

L'Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR) joue un rôle central dans la promotion et la mise en œuvre de la justice restaurative en France, offrant des formations et soutenant le développement de programmes de justice restaurative dans le champ pénal et hors du champ pénal​​. C'est en 2017 qu'est fixé le cadre de la justice restaurative

Les règles en justice restaurative : consentement des participants, indépendance du médiateur et confidentialité des échanges​​. "Ce sont les participants qui choisissent s'ils veulent participer, quand et s'ils veulent rester", précise Marthe de Laclos. Si elle a choisi d'être formée en justice restaurative c'est parce qu'elle est convaincue "qu'il y a du bon dans chacun, il faut juste le déclic." Et d'ajouter : "Tout ce que fait une personne a du sens pour elle au moment où elle le fait."

Les mesures de rencontres détenu.e.s-victimes (RDV)/condamné.e.s – victimes (RCV) rassemblent en général trois détenus et trois victimes qui ne se connaissent pas mais qui sont liés par un crime similaire, et sont accompagnés par deux animateurs et deux représentants de la société civile, dits membres de la communauté. "On ne doit apporter aucune compétence professionnelle", souligne Marthe de Laclos pour expliquer le concept du "mode avion". "C'est l'autre qui est expert de sa vie", insiste-t-elle. "Les gens disent ce qu'ils veulent dire, on ne connaît pas leur passé judiciaire et ce n'est pas le but de la mesure. Mais croyez-moi, les gens parlent, on se prend tout", raconte-t-elle. "Le procès va régler les questions de conséquences, la justice restaurative va permettre d'initier un dialogue sur les répercussions d'un acte subi ou causé."