Agathe est la première maraude créée à partir de la valorisation alimentaire à La Réunion. Depuis bientôt 4 ans, l'association, présidée par Adèle Brial, sillonne les rues de Saint-Denis afin de distribuer des repas chauds aux sans-abri et aux personnes les plus démunies.
Comme tous les jeudis matin, Adèle et son équipe s'organisent pour réceptionner une livraison pas comme les autres. Des kilos de nourriture issus des invendus des supermarchés, récupérés par un partenaire. Riz, légumes, épices, viande... tout ce qui est reçu sera utilisé pour préparer de bons repas. Depuis quelques semaines, l'association Agathe dispose d'un local où elle peut stocker et cuisiner les denrées. "En fonction des dons, on voit ce qu'on peut distribuer à l'état brut - comme des fruits et des légumes, ou ce qui est sec - et ce qu'on est obligés de cuisiner", explique Adèle. L'association reçoit également différents dons de supermarchés ou de particuliers avec notamment de la lessive et des produits d'hygiène.
L'association s'adapte en fonction des dons. "Tout est différent chaque semaine", explique Adèle. Les repas sont préparés, dans la mesure du possible, en fonction des habitudes alimentaires du public rencontré. "On essaye de promouvoir une alimentation saine et nourrissante, donc on fait du riz, des grains, des caris. Il y a de la viande, ou du poisson et on fait également un plat végétarien à chaque fois, parce que c'est la demande de la rue", détaille Adèle. La cuisine faite et les barquettes remplies, place à la maraude. "On charge tout dans nos voitures, on espère qu'on aura bientôt un camion pour l'association", explique-t-elle.
Environ 80 barquettes sont distribuées à chaque maraude. Un café, un sourire, un repas, les échanges rythment la soirée de l'association qui a souhaité gardé "de petites équipes" d'une quinzaine de bénévoles. "Quand les personnes sont en situation d'errance ou de vulnérabilité, elles ont parfois peur ou elles sont craintives quand les groupes sont trop conséquents".
Une action sociale et solidaire
L'histoire d'Agathe commence en 2020, "sans le gaspillage alimentaire", nuance Adèle. "Au début, je faisais les courses et je cuisinais moi-même. Je faisais du riz cantonnais et j'allais avec mes paniers, mes marmites, des assiettes jetables auprès des sans-domicile fixe de Saint-Denis". Elle poursuit : "C'est le montage juridique de l'association qui m'a permis d'aller ensuite démarcher ceux qui gaspillent". "J'en avais marre de voir des gens qui n'avaient pas accès à l'alimentation et de savoir que certains supermarchés jetaient et produisaient du gaspillage alimentaire", explique-t-elle.
Pour Adèle, il s'agit avant tout d'une action "solidaire et sociale avant d'être une association qui lutte contre le gaspillage alimentaire". Elle précise : "l'objectif est de lutter contre la précarité et la vulnérabilité. Notre but, c'est vraiment de comprendre ces personnes qui sont en situation d'errance, savoir comment on peut les aider et s'adapter en fonction des situations".
Les Kariol lamour
Pour les prochains mois, l'association souhaite mettre en place un nouveau projet, en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre. "Plutôt que de donner des barquettes aux gens, assis par terre, qui restent dans leur solitude, on installera des tables, des chaises en pied d'immeuble et on les servira comme au restaurant, ils seront assis autour d'une table avec de vrais couverts", explique Adèle. Ces tablées solidaires, appelées "Kariol l'amour", seront organisées tous les mardis et vendredis soir.