"La relève", "la fille de", difficile d'évoluer dans le monde artistique sans avoir ce poids sur les épaules. Et pourtant, Maya Kamaty a réussi à démêler puis à embrasser cet héritage. La chanteuse réunionnaise a sorti en début d'année 2024 son album "Sovaz". Un opus libérateur dans lequel elle dit ce qu'elle a envie de dire, comme elle a envie de le dire.
C'est au Zinzin, à Grand-Bois, dans le sud de La Réunion, que Maya Kamaty nous reçoit. Un lieu chargé de symboles, ancré dans son héritage familial. Un héritage familial indissociable du parcours de l'auteure-compositrice et interprète. "On m'a toujours dit que j'étais la relève", entame Maya. Un mot que l'artiste a appris récemment à appréhender. "J'avais cette espèce de poids sur les épaules, il fallait que j'écrive de telle façon, que je sois militante de telle façon, donc c'était à la fois un fardeau et une fois que j'ai réussi à démêler tout ça, c'est devenu un véritable trésor", indique-t-elle.
Langue créole, maloya, identité créole... pour elle le militantisme est plutôt une question de "bon sens" et de "valeurs", un "savoir-vivre créole". "C'est l'éducation que mon frère et moi avons reçu de nos parents, Gilbert Pounia et Annie Grondin", estime-t-elle. "C'est toujours lié à ce que nous renvoient les autres", déplore-t-elle. Elle poursuit : "Il faut montrer, prouver et j'essaye de me détacher de ça, parce que quoi que tu dises, quoi que tu fasses, ce ne sera jamais assez, donc autant faire selon ce qui me plaît, moi".
"Sovaz"
Aujourd'hui, la musique de Maya Kamaty s'inscrit dans un style "Kréol Urban Pop". Avec l'album "Sovaz" et sa collaboration avec l'artiste Sskyron, Maya livre des mélodies syncopées et débite des paroles empreintes d'une rage poétique et d'une profonde rébellion. "Il y a des gens qui m'ont fait croire que je n'étais pas capable et pour une fois, je suis tombée sur quelqu'un comme Sskyron qui m'a redonné confiance et a compris ce que j'avais envie de faire passer comme message, mais pour moi-même", raconte-t-elle, évoquant "une reprise de conscience".
Sexisme, harcèlement, mansplaining, Maya Kamaty les piétine et les dénonce : "Avant j'étais un peu une glousseuse, je n'osais pas m'affirmer, aujourd'hui, je ne rigole plus". Dans ses textes, comme dans son quotidien, l'artiste a décidé de reprendre les rênes. "Aujourd'hui, c'est une source intarissable d'inspiration et j'écris à fond la caisse là-dessus", revendique-t-elle, ayant pris conscience que son art inspirait énormément de femmes.
Maya Kamaty, celle qui ose
Postée le 13/12/2024