Armand, les yeux de Roger dans les sentiers

Postée le 21/04/2022

 

Roger, malvoyant, est guidé par Armand sur les sentiers de la Réunion. Ensemble, ils participent aux championnats de France de paratriathlon, et rêvent de finir le Grand Raid

Roger, malvoyant, est guidé par Armand. Ensemble ils font du paratriathlon : une pratique mêlant course à pied, natation et vélo (en tandem pour les deux complices). Après 2 ans de collaboration, ils ont tissé des liens très forts. “On est des frères. Même notre famille dit qu’on a un lien de parenté parce qu’on s’appelle tout le temps”. Ce lien, il est aussi très important pour Roger, qui ne pourrait “pas faire les courses tout seul”. Aujourd’hui, ils sont inséparables et s’apprêtent à participer de nouveau au Championnat de France de paratriathlon, mais aussi à réaliser le rêve de Roger.

Père d’un enfant porteur de handicap, Armand a décidé de mettre sa passion sportive au service de Roger, et ainsi l’aider à accomplir son rêve : finir le Grand Raid. Une épreuve truffée d’obstacles, tous plus difficiles les uns que les autres, d’autant plus pour une personne malvoyante. “Le danger peut être partout. Il peut se cogner les pieds. Tu peux avoir un passage étroit, un passage où tu longes la falaise… La sécurité, ce n’est pas facile. il faut vraiment la confiance”.

“Comme je ne vois pas à plus d’un mètre, je travaille beaucoup en sensations”

Pour pouvoir assurer leur sécurité, qu’ils courent ou qu’ils nagent, Roger et Armand sont attachés par une corde et communiquent avec des codes bien spécifiques. “La corde nous permet d’avoir un lien pour les obstacles, pour lui dire aussi que le guide est là, pour le rassurer. On a des codes. Ce n’est pas pareil qu’une personne qui va dire ‘attention monsieur’. Nous, on dit ‘épingle et “‘. C’est mon code. ‘Et 3 et 3’. C’est pour qu’il sache combien de personnes passent entre nous”. Même sans qu’il lui parle, Roger sait s’adapter au comportement d’Armand. “Comme je ne vois pas à plus d’un mètre, je travaille beaucoup en sensations; J’arrive à ressentir les pas du guide. J’arrive à savoir si c'est plus soutenus, moins soutenus. Après, si c’est moins soutenu, je sais que c’est des descentes. Et si c’est moins soutenu, c’est des montées”.

Armand estime que “tout le monde peut devenir guide”. Mais au prix de beaucoup d’efforts : "Ça demande de la patience. Il faut se sacrifier pour faire ça”. Roger quant à lui, espère que son parcours sportif donne de l’espoir aux personnes porteur de handicap : “Je veux envoyer un message et dire aux autres personnes porteurs de handicap, que s’ils trouvent les bonnes associations et qu’ils s’entourent des bonnes personnes, ils peuvent faire du sport”.